Pourquoi les grands crus sont-ils si chers ?
Si le nouveau monde concurrence de plus en plus fortement de nombreux vins français, il est un domaine auquel ceux-ci ont du mal à s’attaquer : celui des grands crus. Bien sûr, il existe dans tous les pays des vins au niveau de prix de nos Grands Crus, mais cela reste anecdotique face à la quantité de vins hauts de gamme produits en France. Alors pourquoi de tels prix ?
La notion de Grand Cru existe principalement dans deux régions viticoles : Bordeaux et la Bourgogne. En Bourgogne, c’est dès le 11ème Siècle que les moines ont commencé à distinguer les meilleures parcelles des autres. A Bordeaux en revanche, la dénomination Grand Cru fut instaurée en 1855 et compte 61 châteaux, classés de Premier à Cinquième Grand Cru. Dans les deux cas, ce qu’il faut savoir est que pour mériter ce titre de Grand Cru, la production du vin doit respecter plusieurs règles de culture très précises : une origine géographique strictement encadrée, la taille de la vigne, le mode de récolte du raisin, les durées moyennes d’élevage du vin, etc. Et tout cela a bien sûr un coût important comparé aux vins plus ordinaires !
Malgré cela, il faut savoir que le coût moyen de production d’une telle bouteille du cep de vigne à la bouteille, en passant par les vendanges, l’élevage, ainsi que le prix du verre et du bouchon lors de l’embouteillage dépasse rarement les 20 euros, mêmes pour les plus grands vins. S’ajoutent à cela des frais d’installation (les barriques dans lesquelles le vin vieillit), des frais de sécurité et les frais de fonctionnement de l’entreprise (entretien, marketing, etc). Ensuite, il faut prendre en compte les frais de foncier à amortir, et pas des moindres, qui représentent en fait le loyer du domaine et peuvent être parfois très élevés pour les grands domaines. On arrive donc à un total de coût de production qui avoisine bien souvent les 40 euros pour une bouteille.
Mais alors, pourquoi des bouteilles à plus de 1000 euros ?
Cela s’explique d’abord bien sûr par l’effet rareté. Ces bouteilles sont finalement produites en quantité réduite ce qui permet aux propriétés de les vendre largement plus chères que les couts de revient.
Ensuite, un effet d’ostentation assez clair pousse les gens qui en ont les moyens à se faire concurrence pour acheter ces vins, ce qui augmente encore les prix, d’autant plus que le nombre de gens jouant à ce jeu-là a explosé depuis le décollage économique de l’Asie (notamment la Chine) dans les années 2000. Donc 10 fois plus de riches pour toujours autant de vin = des prix qui s’envolent ! A titre d’exemple, le prix d’une bouteille de Pétrus ne dépassait pas 50% du salaire médian lors de sa mise sur le marché dans les années 80, alors que celui-ci lui est désormais entre 1,8 et 6 fois supérieur suivant les millésimes.
Enfin, les intermédiaires (courtiers, négociants…) et distributeurs ajoutent bien sûr leur marge. Malgré cela, ce n’est pas tellement de ce côté-là qu’il faut chercher. En effet, ces vins très célèbres constituent des produits d’appels pour les distributeurs haut de gamme qui se mènent une concurrence assez rude pour attirer une clientèle fortunée et margent donc généralement moins sur ces vins-là, d’autant plus que les coûts pour acheminer, conserver, manipuler et livrer des flacons aussi précieux sont souvent élevés.
Amateurs de grands vins, vous rêvez de déguster des grands crus ? Les cours d’œnologie Les Grands Crus de Bordeaux ou Les Grands Crus de Bourgogne sont faits pour vous !